Mains

suivi de Sonder le vide

Un grand merci aux auteurs de notes de lectures…

Claude Vercey et sa lecture :

« (…) Comme dans ce premier poème, on reste, tout au long de l’ouvrage, au ras de la sensation, dans une accumulation de découvertes bouleversantes, et qui n’est autre, dans Mains, que le récit d’une approche amoureuse, qui refuse tout autre témoignage que celui du toucher. (…)» (à lire en intégralité sur le site de la revue Décharge I.D n° 586)

Jacques Morin et sa lecture :

« (…) Avec Myriam Eck, une expérience à la fois dérangeante et fascinante (…)» (à lire en intégralité dans Décharge 167 ou en cliquant ici) 

Françoise Oriot et sa lecture :

« (…)  Il faut lire ce recueil avec lenteur, se laisser détourner du cours habituel de la lecture pour flotter dans un état quasi méditatif, à la rencontre d’une poète économe de mots mais généreuse quant au voyage mental qu’elle ouvre par courtes échappées, renversements de perspectives, attention aux mots simples qui traduisent un rapport immédiat au réel, corps ou espace. (…)» (à lire en intégralité sur le site Podio ou en cliquant ici)

Cécile Guivarch et sa lecture:

« (…) Ses poèmes sont réfléchis, nous font penser, nous permettent de chercher en nous ce vide, ces pensées qui nous vident ou comment le vide nourrit nos pensées. Myriam Eck sait aller à l’essentiel et nous atteindre, toucher en nous des zones sensibles. Auteure à suivre, assurément. (…)» (à lire en intégralité  sur Terre à ciel)

Extraits en ligne:

Sur le site Babelio

Sur le site Terre à ciel

Premier et deuxième extraits à lire sur le site Terres de femmes

Sur le site de Christophe Condello

Sur le site POEMES

Sur le site Poesiemuziketc

Vidéos de lectures publiques et autres événements autour du livre:

Danse en composition instantanée par Marguerite Papazoglou et Léandre Simioni, sur la poésie écrite et lue par Myriam Eck, le 20 septembre 2017 à l’Ecole Normale Supérieure.

Vidéo de la lecture d’un extrait de Mains à la soirée Tempoésie à Dijon

Rencontre et expos autour du livre à la MSH et à l’Atheneum à Dijon

« Le 5 novembre 2015, la rencontre un artiste-un chercheur Pierre Ancet, Myriam Eck et Christine Delbecq ont captivé le public en partant d’une liste de mots présents dans le recueil de Myriam Eck « Mains suivi de Sonder le vide » et en en développant les résonances philosophiques, poétiques et plastiques.»

Exposition de Christine Delbecq « La Chambre d’échos » présentée dans la salle du forum de la MSH, installation qui donne lieu à un film Dans le grand blanc (images de Myriam Eck).

Exposition à l’Atheneum des travaux de ses élèves sur Sonder le vide, rassemblés dans le livre Dans le vide auto-édité en 2016 avec un texte de Myriam Eck sur son travail lisible en ligne sur le site de Christine Delbecq : Tendre une peau dans l’univers à ceux qui, ensemble, tombent

.

Mains

suivi de Sonder le vide
(Texte intégral)
© Myriam Eck, 2022

Mains

 

FACE

Tu ouvres tes mains
Et dans le même mouvement tu m’as ouverte

Le geste inattendu du toucher

/

A quoi bon se tendre ?

La peau vient
D’elle-même
Sous la main

/

Le corps respire

Plus fort
Par la peau

/

Dans tes mains
Des lèvres

/

Ce qui tremble sous ma peau
A ton approche

/

Tes mains
Dans ma terre

Tu me fais venir des doigts

/

Mes mains sur ton corps

Mes premiers pas

/

La nudité s’éveille

C’est la peau qui se déplace

L’autre peau
Sous la peau

/
Mon corps
Dans ta main

Mon corps danse

/

Avant tes mains
Il y avait des coudes

Bruits de sourires

Je me presse
Couchée
Avant le lit

Des mots tus sous les lèvres

Tu me serres
Sans bras

Une nouvelle tête se déplie

Une cavité de plus

/

Mon corps de ton corps s’agrandit

/

Je suis une terre qui accroche au mouvement de tes doigts

La peau toute occupée du même mouvement

/

A l’intérieur les mains oublient qu’elles sont mains
Des formes de doigts

/

Nous creusons l’étreinte
Les mains déformées

A la rencontre du paysage sans regard

A suivre la chair qui s’ouvre
Sous nos pas

Un paysage mou fait de toi et moi

Jusqu’à l’horizon

Un horizon mouvant comme une tête

/

Nos corps se soulevant tombent

Corps creux
Poreux

/

La terre qui se lève

La retenir
A portée de main

/

Tes mains dans mon corps

Tant qu’elles vibrent

/

Ton corps garde mes mains
Ouvertes

/

Ta main
Dans ma main

Dedans tient au corps

/

Tu es au bout de ma main

/

Dans nos têtes

L’invisible
Peau
Qui nous lie

/

Mains après mains
Ton corps tient dans ma main

/

Ce qui ne franchit pas les mains reste
Peau
Au bord de la peau

/

Combien de mains
Pour n’en faire qu’une ?

/

Donnez-moi des mains qui ne tombent pas
Au moment de te toucher

Les mains comme au bord

/

Les mains comme au bord de la tête
Au bord du langage

Donnez-moi un langage là où les mains me tombent

/

Si je perdais mes mains

Te chercher ne les ramènerait pas

/

Je ne suis pas
Encore
Sortie de mes mains

 

PILE

Silence

L’autre forme du bruit

/

Une place
Vide

Prend toute la place

/

Ma peau sent les bords de ma main

Dedans

/

Le corps n’est pas fait pour cette distance

/

Combien d’absence
Avant que le corps ne s’écarte ?

/ 

La distance ne se mesure pas

Elle se creuse

/

Ma peau touche ton absence

/

La douleur

Une main de la tête aux pieds

/

Je bave ton absence jusqu’à perdre bouche

 /

Les mains tordues

A te creuser

Une peau
Dans ma tête

/

Ces mains molles ne sont plus des mains

Une terre mal
Assemblée

Le corps en partage
Amoindri

Mes bras comme détachés
Dedans

 /

Je m’abîme la peau
Partout
Où je pense

 /

Ne plus toucher
La distance
Dans le corps

 /

La main
Retournée

L’immobilité pèse
Dans tout mon corps

 /

Un corps
Sans bras
Pour le tenir

C’est tout le poids qui retombe contre soi

 /

Cet autre
Arrêté
En moi

C’est tout le corps
Dans ma tête
Qui s’arrête

/

Le corps
Plus serré
Que l’oubli

 /

L’attente
Le long des bras

La desserrer

Qu’elle se déplace dans le corps

/

Mon corps
Tombé

De tes mains

 /

Mes mains se sont retirées de mes mains

Le geste rompu

/

Tu t’es collé à mon mur
Sans peau
Pour ton immense main

/

Mettre une bouche dans chaque trou

Devancer l’imminente perte du geste

/

 Ne pas me perdre dans mes mains
La bouche pliée

/

Devenir ce bruit qui occupe ma bouche
Prendre corps dans le corps de l’absence

/

Ramener suffisamment de pied sous moi
Pour tenir

Ce présent sans terre

/

Le corps a le choix de son poids

/

Chacun pris dans sa terre

/

Je suis la terre
Qui reste

Dans tes mains

.

Poème qui suit Mains dans le livre :

Sonder le vide (sur mon travail d’analysante)

Sonde le vide d’une pierre

Sonde le vide qui la tient comme pierre
Les formes du vide

/

Le vide d’une pierre peut se vider dans un regard

Ou dans une pensée
La pierre devenir alors une tête

Une tête déverser son vide dans une autre tête

Une tête devenir une pierre
Toute entière

Se remplir de son vide

/

Les pierres ont leur propre vide

Les pierres donnent leur forme au vide

Le vide ne disparaît pas dans une pierre
Il s’étend autrement

/

A te remplir de pierres tu ne risques pas de te confondre avec le vide mais avec toutes les formes vides des pierres

Vois comment la pensée fait du vide la peur
Dans le trouble où vivre est se vider

Comment le vide se remplit de ton trouble
Comment la peur l’agrandit

Comment le trouble se déplace
Et déplace la pensée

/

La pensée repousse toutes les formes
De limites

Les limites se retirent vers d’autres vides

La tête ailleurs s’agrandit

La peur résonne dans toutes les formes
De pensée

Elle habite toutes les formes où vivre est se vider

L’espace où se vider n’a pas de limite

/

Les formes s’effondrent
Dans ce vide
Qui les vide

Toutes les formes se remplissent de vide
Et se vident
Par leurs limites

Dans la pensée il y a toutes les formes
Qui se sont vidées

/

Plus tu t’approches de ton vide plus il te vide

Tu disparais dans des formes qui te vident
Des formes qui se vident à ta place

Tu disparais dans une forme sans toi

Une forme qui ne peut qu’être celle du vide

/

Ta tête prend sa forme pour un vide

La douleur fait de ta tête sa matière

La douleur
Une forme où tu te perds

Se vider de toutes les formes
Ce n’est pas disparaître

/

La douleur
C’est te confondre avec le vide

Le possible
C’est la douleur où disparaître

La limite
C’est la douleur avant de disparaître

/

Délivre ton vide de la peur

Laisse-le s’ouvrir sur d’autres vides

Tu cherches un vide où t’effondrer

La limite je la sens s’approcher
La limite c’est toi

/

Tu cherches à rentrer en moi ton propre vide

Tu voudrais que mon vide se taise
Qu’il te fasse sa place

Tu voudrais prendre la place de mon vide

/

Je pourrais te confondre avec mon vide

Toi et moi
A se confondre dans le vide

/

Ne me retire pas de mon vide
De ma présence

Ne me retire pas de la matière de mon vide

/

Quand tu sors les formes de ma tête les formes se vident

Ne me retire pas de toutes les formes qui me vident

/

A te déplacer dans mon vide c’est toi
Que je sens se vider

Toute ma présence c’est toi
Qui te vide

/

Je vois le vide qui s’échappe de toi
Remplir
La matière de ma tête

Dans une forme
Qui ne peut qu’être toi

/

Sonde la limite qui est toi
Dans ma tête

Sonde ton vide dans le mien

Ton vide et le mien qui se tiennent
Et se quittent

/

Sonde mon vide qui se remplit dans ta tête

Comment il se déplace
Comment il déplace ta douleur

/

Ta peur a pris la forme du silence

Elle s’apprête à disparaître

/

Dans le silence qui te ramène à toi
Les formes de douleur se retirent

Toutes tes formes se retirent
De la douleur

Je vais toujours vers la limite
Qui me vide

Retenir par le vide
Ce qui voudrait disparaître

/

Ce qui m’agite se vide dans un vide qui se replie en moi

Il se forme dans ma tête des replis
Où ma mémoire se retire

/

Ce qui se vide dans ma tête se remplit de mon vide

Ma mémoire se donne une forme où disparaître
Repliée
Dans ce qui n’a pas de limite

Une forme de disparaître
Repliée en moi

Une matière de repli

/

Le vide
Une forme de tête en replis

Une forme qui se tait

Dans ma tête il y a des formes
Qui se taisent

Une mémoire muette

/

Le vide
La matière de l’oubli

Une tête repliée où disparaître

/

Je sens l’oubli dans tous les replis de ma tête

L’oubli
Des formes qui retiennent ma tête

Toutes des formes d’oubli où disparaître

Des vides sans terre

/

Ma mémoire a formé dans mon vide ces limites

Tous ces vides ont pris forme dans ma mémoire

Le vide
Des formes de mémoire

Mémoires de l’oubli

/

Comment vider le repli où je me perds
Le repli où je me tais

L’espace où vivre est se vider

L’espace où je me vide

/

Comment écarter les replis sans qu’ils se vident de leur matière

Déplier les formes de ma tête
Où le vide se tait

/

Ma tête m’habite de toutes ses formes

Toute la matière de ma tête
Résonne

/

Une seule tête pour tout mon vide
Ce n’est pas disparaître

Tu cherches une terre où te vider

L’espace où la limite c’est toi

/

Tu cherches une terre où vider ta tête

Vider ta tête
De tout son vide
De matière

Le vide
La limite de ce qui n’a pas de terre

/

Tu cherches des limites où te vider

Une terre

Une présence où te vider
Une limite à ton vide

/

La terre agite ce qui se tient dans tes replis

Les replis
Des vides où reprendre forme

/

Tu y portes toutes les formes de ton vide

Le vide
Des formes pour la terre

/

C’est toi
Dans la terre

Qui traverses la matière et te remplis
De ta mémoire

/

Vois comment ta tête sort de son vide
Et l’habite
De ce qui se vide

/

Les formes repoussent des têtes qu’elles ont fait naître

Toutes les formes se remplissent de ta tête

/

Vide ta tête jusqu’à ce que tout son vide se fasse matière

Jusqu’à ce que la terre étende les replis de ta tête
Tous les replis

/

Dans ce vide il y a ta tête qui se remplit d’une matière qui ne peut qu’être toi

La terre ne se limite pas à ton vide

/

La terre te ramène au monde
Dans ce qui ne peut se confondre

Elle donne forme à ta mémoire

/

La terre
Où s’écarter
C’est se remplir du monde

/

La mémoire ce n’est pas disparaître

Tu peux retirer ton vide de ma terre

Te retirer
Sans défaillir
De la matière de mon vide

/

Te retirer de moi ce n’est pas disparaître
Ni toi
Ni moi

/

Ton vide s’est arrêté dans toutes mes formes

Ma mémoire a pris les limites de tes replis
Tous tes replis

/

Mon vide peut prendre ta forme

Toutes les formes
De mon souvenir

/

De cette présence si jamais elle suffisait