Mains
suivi de Sonder le vide
Références :
Notes de lectures :
Un grand merci aux auteurs de notes de lectures…
Le comité de la revue N4728 dans son dossier N°29 :
« (…) Ce qui apparait alors c’est bien l’écriture rigoureuse et sensuelle de Myriam Eck. Lire Myriam Eck c’est découvrir comment la rigueur et la forme presque minimaliste d’une écriture n’empêche pas mais au contraire facilite le déplacement vers l’autre, la liaison des corps dans le livre se faisant (…)» (à lire en intégralité en cliquant ici)
Ludovic Degroote et sa lecture :
« (…) Myriam Eck ose une poésie simple dans ses choix- vocabulaire, syntaxe, minimalisme du poème – et exigeante car elle cherche à circonscrire ce qui résiste (…) (à lire en intégralité sur le site du Cahier Critique de Poésie (CCP)
Claude Vercey et sa lecture :
« (…) Comme dans ce premier poème, on reste, tout au long de l’ouvrage, au ras de la sensation, dans une accumulation de découvertes bouleversantes, et qui n’est autre, dans Mains, que le récit d’une approche amoureuse, qui refuse tout autre témoignage que celui du toucher. (…)» (à lire en intégralité sur le site de la revue Décharge I.D n° 586)
Jacques Morin et sa lecture :
« (…) Avec Myriam Eck, une expérience à la fois dérangeante et fascinante (…)» (à lire en intégralité dans Décharge 167 ou en cliquant ici)
Françoise Oriot et sa lecture :
« (…) Il faut lire ce recueil avec lenteur, se laisser détourner du cours habituel de la lecture pour flotter dans un état quasi méditatif, à la rencontre d’une poète économe de mots mais généreuse quant au voyage mental qu’elle ouvre par courtes échappées, renversements de perspectives, attention aux mots simples qui traduisent un rapport immédiat au réel, corps ou espace. (…)» (à lire en intégralité sur le site Podio ou en cliquant ici)
Cécile Guivarch et sa lecture:
« (…) Ses poèmes sont réfléchis, nous font penser, nous permettent de chercher en nous ce vide, ces pensées qui nous vident ou comment le vide nourrit nos pensées. Myriam Eck sait aller à l’essentiel et nous atteindre, toucher en nous des zones sensibles. Auteure à suivre, assurément. (…)» (à lire en intégralité sur Terre à ciel)
Extraits en ligne:
Premier et deuxième extraits à lire sur le site Terres de femmes
Sur le site de Christophe Condello
Vidéos de lectures publiques et autres événements autour du livre:
Vidéo de la lecture d’un extrait de Mains à la soirée Tempoésie à Dijon
Rencontre et expos autour du livre à la MSH et à l’Atheneum à Dijon
« Le 5 novembre 2015, la rencontre un artiste-un chercheur Pierre Ancet, Myriam Eck et Christine Delbecq ont captivé le public en partant d’une liste de mots présents dans le recueil de Myriam Eck « Mains suivi de Sonder le vide » et en en développant les résonances philosophiques, poétiques et plastiques.»
Exposition de Christine Delbecq « La Chambre d’échos » présentée dans la salle du forum de la MSH, installation qui donne lieu à un film Dans le grand blanc (images de Myriam Eck).
Exposition à l’Atheneum des travaux de ses élèves sur Sonder le vide, rassemblés dans le livre Dans le vide auto-édité en 2016 avec un texte de Myriam Eck sur son travail lisible en ligne sur le site de Christine Delbecq : Tendre une peau dans l’univers à ceux qui, ensemble, tombent
Mains
suivi de Sonder le vide
(Texte intégral)
© Myriam Eck, 2022
Mains
FACE
Tu ouvres tes mains
Et dans le même mouvement tu m’as ouverte
Le geste inattendu du toucher
/
A quoi bon se tendre ?
La peau vient
D’elle-même
Sous la main
/
Le corps respire
Plus fort
Par la peau
/
Dans tes mains
Des lèvres
/
Ce qui tremble sous ma peau
A ton approche
/
Tes mains
Dans ma terre
Tu me fais venir des doigts
/
Mes mains sur ton corps
Mes premiers pas
/
La nudité s’éveille
C’est la peau qui se déplace
L’autre peau
Sous la peau
/
Mon corps
Dans ta main
Mon corps danse
/
Avant tes mains
Il y avait des coudes
Bruits de sourires
Je me presse
Couchée
Avant le lit
Des mots tus sous les lèvres
Tu me serres
Sans bras
Une nouvelle tête se déplie
Une cavité de plus
/
Mon corps de ton corps s’agrandit
/
Je suis une terre qui accroche au mouvement de tes doigts
La peau toute occupée du même mouvement
/
A l’intérieur les mains oublient qu’elles sont mains
Des formes de doigts
/
Nous creusons l’étreinte
Les mains déformées
A la rencontre du paysage sans regard
A suivre la chair qui s’ouvre
Sous nos pas
Un paysage mou fait de toi et moi
Jusqu’à l’horizon
Un horizon mouvant comme une tête
/
Nos corps se soulevant tombent
Corps creux
Poreux
/
La terre qui se lève
La retenir
A portée de main
/
Tes mains dans mon corps
Tant qu’elles vibrent
/
Ton corps garde mes mains
Ouvertes
/
Ta main
Dans ma main
Dedans tient au corps
/
Tu es au bout de ma main
/
Dans nos têtes
L’invisible
Peau
Qui nous lie
/
Mains après mains
Ton corps tient dans ma main
/
Ce qui ne franchit pas les mains reste
Peau
Au bord de la peau
/
Combien de mains
Pour n’en faire qu’une ?
/
Donnez-moi des mains qui ne tombent pas
Au moment de te toucher
Les mains comme au bord
/
Les mains comme au bord de la tête
Au bord du langage
Donnez-moi un langage là où les mains me tombent
/
Si je perdais mes mains
Te chercher ne les ramènerait pas
/
Je ne suis pas
Encore
Sortie de mes mains
PILE
Silence
L’autre forme du bruit
/
Une place
Vide
Prend toute la place
/
Ma peau sent les bords de ma main
Dedans
/
Le corps n’est pas fait pour cette distance
/
Combien d’absence
Avant que le corps ne s’écarte ?
/
La distance ne se mesure pas
Elle se creuse
/
Ma peau touche ton absence
/
La douleur
Une main de la tête aux pieds
/
Je bave ton absence jusqu’à perdre bouche
/
Les mains tordues
A te creuser
Une peau
Dans ma tête
/
Ces mains molles ne sont plus des mains
Une terre mal
Assemblée
Le corps en partage
Amoindri
Mes bras comme détachés
Dedans
/
Je m’abîme la peau
Partout
Où je pense
/
Ne plus toucher
La distance
Dans le corps
/
La main
Retournée
L’immobilité pèse
Dans tout mon corps
/
Un corps
Sans bras
Pour le tenir
C’est tout le poids qui retombe contre soi
/
Cet autre
Arrêté
En moi
C’est tout le corps
Dans ma tête
Qui s’arrête
/
Le corps
Plus serré
Que l’oubli
/
L’attente
Le long des bras
La desserrer
Qu’elle se déplace dans le corps
/
Mon corps
Tombé
De tes mains
/
Mes mains se sont retirées de mes mains
Le geste rompu
/
Tu t’es collé à mon mur
Sans peau
Pour ton immense main
/
Mettre une bouche dans chaque trou
Devancer l’imminente perte du geste
/
Ne pas me perdre dans mes mains
La bouche pliée
/
Devenir ce bruit qui occupe ma bouche
Prendre corps dans le corps de l’absence
/
Ramener suffisamment de pied sous moi
Pour tenir
Ce présent sans terre
/
Le corps a le choix de son poids
/
Chacun pris dans sa terre
/
Je suis la terre
Qui reste
Dans tes mains
.
Poème qui suit Mains dans le livre :
Sonder le vide (sur mon travail d’analysante)
Sonde le vide d’une pierre
Sonde le vide qui la tient comme pierre
Les formes du vide
/
Le vide d’une pierre peut se vider dans un regard
Ou dans une pensée
La pierre devenir alors une tête
Une tête déverser son vide dans une autre tête
Une tête devenir une pierre
Toute entière
Se remplir de son vide
/
Les pierres ont leur propre vide
Les pierres donnent leur forme au vide
Le vide ne disparaît pas dans une pierre
Il s’étend autrement
/
A te remplir de pierres tu ne risques pas de te confondre avec le vide mais avec toutes les formes vides des pierres
–
Vois comment la pensée fait du vide la peur
Dans le trouble où vivre est se vider
Comment le vide se remplit de ton trouble
Comment la peur l’agrandit
Comment le trouble se déplace
Et déplace la pensée
/
La pensée repousse toutes les formes
De limites
Les limites se retirent vers d’autres vides
La tête ailleurs s’agrandit
La peur résonne dans toutes les formes
De pensée
Elle habite toutes les formes où vivre est se vider
L’espace où se vider n’a pas de limite
/
Les formes s’effondrent
Dans ce vide
Qui les vide
Toutes les formes se remplissent de vide
Et se vident
Par leurs limites
Dans la pensée il y a toutes les formes
Qui se sont vidées
/
Plus tu t’approches de ton vide plus il te vide
Tu disparais dans des formes qui te vident
Des formes qui se vident à ta place
Tu disparais dans une forme sans toi
Une forme qui ne peut qu’être celle du vide
/
Ta tête prend sa forme pour un vide
La douleur fait de ta tête sa matière
La douleur
Une forme où tu te perds
Se vider de toutes les formes
Ce n’est pas disparaître
/
La douleur
C’est te confondre avec le vide
Le possible
C’est la douleur où disparaître
La limite
C’est la douleur avant de disparaître
/
Délivre ton vide de la peur
Laisse-le s’ouvrir sur d’autres vides
–
Tu cherches un vide où t’effondrer
La limite je la sens s’approcher
La limite c’est toi
/
Tu cherches à rentrer en moi ton propre vide
Tu voudrais que mon vide se taise
Qu’il te fasse sa place
Tu voudrais prendre la place de mon vide
/
Je pourrais te confondre avec mon vide
Toi et moi
A se confondre dans le vide
/
Ne me retire pas de mon vide
De ma présence
Ne me retire pas de la matière de mon vide
/
Quand tu sors les formes de ma tête les formes se vident
Ne me retire pas de toutes les formes qui me vident
/
A te déplacer dans mon vide c’est toi
Que je sens se vider
Toute ma présence c’est toi
Qui te vide
/
Je vois le vide qui s’échappe de toi
Remplir
La matière de ma tête
Dans une forme
Qui ne peut qu’être toi
/
Sonde la limite qui est toi
Dans ma tête
Sonde ton vide dans le mien
Ton vide et le mien qui se tiennent
Et se quittent
/
Sonde mon vide qui se remplit dans ta tête
Comment il se déplace
Comment il déplace ta douleur
/
Ta peur a pris la forme du silence
Elle s’apprête à disparaître
/
Dans le silence qui te ramène à toi
Les formes de douleur se retirent
Toutes tes formes se retirent
De la douleur
–
Je vais toujours vers la limite
Qui me vide
Retenir par le vide
Ce qui voudrait disparaître
/
Ce qui m’agite se vide dans un vide qui se replie en moi
Il se forme dans ma tête des replis
Où ma mémoire se retire
/
Ce qui se vide dans ma tête se remplit de mon vide
Ma mémoire se donne une forme où disparaître
Repliée
Dans ce qui n’a pas de limite
Une forme de disparaître
Repliée en moi
Une matière de repli
/
Le vide
Une forme de tête en replis
Une forme qui se tait
Dans ma tête il y a des formes
Qui se taisent
Une mémoire muette
/
Le vide
La matière de l’oubli
Une tête repliée où disparaître
/
Je sens l’oubli dans tous les replis de ma tête
L’oubli
Des formes qui retiennent ma tête
Toutes des formes d’oubli où disparaître
Des vides sans terre
/
Ma mémoire a formé dans mon vide ces limites
Tous ces vides ont pris forme dans ma mémoire
Le vide
Des formes de mémoire
Mémoires de l’oubli
/
Comment vider le repli où je me perds
Le repli où je me tais
L’espace où vivre est se vider
L’espace où je me vide
/
Comment écarter les replis sans qu’ils se vident de leur matière
Déplier les formes de ma tête
Où le vide se tait
/
Ma tête m’habite de toutes ses formes
Toute la matière de ma tête
Résonne
/
Une seule tête pour tout mon vide
Ce n’est pas disparaître
–
Tu cherches une terre où te vider
L’espace où la limite c’est toi
/
Tu cherches une terre où vider ta tête
Vider ta tête
De tout son vide
De matière
Le vide
La limite de ce qui n’a pas de terre
/
Tu cherches des limites où te vider
Une terre
Une présence où te vider
Une limite à ton vide
/
La terre agite ce qui se tient dans tes replis
Les replis
Des vides où reprendre forme
/
Tu y portes toutes les formes de ton vide
Le vide
Des formes pour la terre
/
C’est toi
Dans la terre
Qui traverses la matière et te remplis
De ta mémoire
/
Vois comment ta tête sort de son vide
Et l’habite
De ce qui se vide
/
Les formes repoussent des têtes qu’elles ont fait naître
Toutes les formes se remplissent de ta tête
/
Vide ta tête jusqu’à ce que tout son vide se fasse matière
Jusqu’à ce que la terre étende les replis de ta tête
Tous les replis
/
Dans ce vide il y a ta tête qui se remplit d’une matière qui ne peut qu’être toi
–
La terre ne se limite pas à ton vide
/
La terre te ramène au monde
Dans ce qui ne peut se confondre
Elle donne forme à ta mémoire
/
La terre
Où s’écarter
C’est se remplir du monde
/
La mémoire ce n’est pas disparaître
–
Tu peux retirer ton vide de ma terre
Te retirer
Sans défaillir
De la matière de mon vide
/
Te retirer de moi ce n’est pas disparaître
Ni toi
Ni moi
/
Ton vide s’est arrêté dans toutes mes formes
Ma mémoire a pris les limites de tes replis
Tous tes replis
/
Mon vide peut prendre ta forme
Toutes les formes
De mon souvenir
/
De cette présence si jamais elle suffisait