Note de lecture de Jacques Morin sur Mains suivi de Sonder le vide
« Mains d’abord, avec deux aspects : face et pile. Tu ouvres tes mains / Et dans le même mouvement tu m’as ouverte. Face, c’est la présence de l’autre, le physique, le tactile, l’érotique, le charnel. Myriam Eck, à petits traits, quelques verts, à peine, sur la page, donne la dimension des corps, de la proximité, de l’amour sans aucun débordement lyrique, mais absolu. Mon corps de ton corps s’agrandit. A l’inverse, pile : Ma peau touche ton absence. On est dans la douleur, la frustration, Je m’abîme la peau / Partout / Où je pense. Les mots ras, aigus, cherchent aussi loin dans le toucher que dans le défaut. C’est tout le corps / Dans ma tête / Qui s’arrête. La seconde partie du recueil prolonge en quelque sorte la carence. L’espace où se vider n’a pas de limite. Les mots vide, tête, terre reviennent sans cesse comme dans une conjuration de l’anéantissement inexorable. Plus tu t’approches de ton vide plus il te vide. L’enjeu est psychologique, voire psychique. Ce qui se joue se situe aussi dans l’opposition mémoire/oubli. Ces réitérations, qui ne sont nullement imprécatoires, donnent une force réelle au texte. Avec Myriam Eck, on sonde le vide, et l’expérience est à la fois dérangeante et fascinante. »