Note de lecture de Christian Degoutte sur Calanques

Ressassement ? Creusement ? Ces mots sont la marque de Myriam Eck dans CALANQUES. Ce livre me semble le prolongement de MAINS/SONDER LE VIDE paru aux éd. P.I.SAGE INTERIEUR. Ces livres explicitent une même préoccupation : circonscrire une sensation. Le livre avance à la manière de Guillevic, par petits paquets de mots. Ressassement, creusement, circonscrire : rien ne semble avoir été jeté de ce qui vient en tête à propos du sujet trivial de ce livre : marcher dans les calanques. Pas à pas. Un livre de notes ? L’œil vissé à son microscope intime Myriam Eck fait œuvre d’introspection et d’attention. Certes. Mais il y a aussi, dans ce livre, un côté invocation à la terre, aux éléments, à ce qui entoure l’être ; invocation à ce que cache le visible. Plus qu’une apparente méditation solitaire, ce livre me paraît être un dialogue entre le contenu physique (physiologique ?) et mental de l’être et l’espace qui enveloppe l’être. Ce va-et-vient de question/réponse définit le lieu exact de la sensation d’être ( ?).

Je crois que la façon la plus claire de causer de CALANQUES est de donner l’exemple complet d’une section. Donc :

 

CALANQUE XI

 

A regarder

Le vent

L’issue trouble du temps

 

Le sol

Dans le corps

Se penche (p 26)

 

Mon ombre se déforme

 

A retenir

Ce qui s’écoule (p 27)

 

Avancer dans le bruit

Des pas

 

Ce que le corps place à sa surface

Pour marcher (p28)

 

Seules tes mains retiennent

Dans mon corps

L’ombre (p29).

 

Un lieu sur la terre

Où le corps peut tomber

 

Un lieu où le corps devient terre